lundi 30 septembre 2013

vendredi 27 septembre 2013

Spectacle de dimanche

L'association des amis de la médiathèque de la Loire nous propose le spectacle suivant, "Le chemin de la Grabouille" par la compagnie La Tarlatane.
Pour rappel, voici l'affiche de la bibliothèque:

Hélas, ce sera probablement la dernière fois, puisque l'avenir de l'association est plus qu'incertain.
Pour des raisons d'organisation et de préparation de la salle, nous demandons une préinscription: c'est à dire, simplement nous prévenir que vous venez et à combien de personnes.

Note: la pièce reste gratuite et appréciable pour les "plus de 10 ans" !

mercredi 25 septembre 2013

Poilus, tranches de vies (6)

carnet du caporal Marius B.
entre deux envolées lyriques, Marius prend souvent un ton un peu ironique. Dans l'extrait suivant il rencontre le capitaine d'un autre bataillon lors d'une patrouille de reconnaissance qu'il mène à la tête de son escouade.
retranscrit avec ponctuation et texte non corrigés.

"6 septembre 1914
(...)
D'où êtes vous reprit-il, de l'Isère lui dis-je.
Vous me paraissez très intelligent de l'Isère de l'Isère cela ne m'étonne plus ils le sont à peu près tous. Tous mes compliments vous pouvez disposer.
Enivré par ces propos flatteurs je me sentais plus léger et descendais d'une allure vive."
(*il était originaire de Monsteroux-Milieu)

Marius n'est pas un sous officier de carrière, il parle de l'aspect militaire mais c'est plutôt le récit du quotidien qui domine: comment trouver à se nourrir, passer les nuits dans les moins mauvaises conditions possibles (il pleut beaucoup dans son secteur des Vosges), etc.
plus loin, lors de cette même reconnaissance, il rencontre des chasseurs de l'autre bataillon qui lui proposent du "chenapse"
" Je m'arrête appelle les autres et le rassemblement fut vite fait surtout quand ils sentirent la gniole"

dimanche 22 septembre 2013

Ubu Roi

Les textes de Théâtre ne sont pas toujours agréables à lire. Ce genre littéraire se joue ou se regarde, mais Ubu Roi d'Alfred JARRY fait exception à la règle.
L'auteur, mort très jeune, a écrit cette perle du théâtre de manière précoce.
Ubu a été imaginé sur les bancs de l'école et raconte comment un personnage aussi grotesque qu'effrayant parvient à ravir la couronne du roi de Pologne, Venceslas.
Du moins, c'est ainsi que l'histoire commence...
Les cinq actes de cette courte pièce se dévorent facilement.
à retrouver dans nos rayons avec la cote: th JAR u

Valeriu STANCU à la Verdine


Poilus, tranches de vies (5): le premier vérinois

Vérin est une commune relativement jeune. Si les démarches administratives menées par Jean VINCENT s'étalent sur de nombreuses années, sa création officielle est datée de 1880.
Ainsi naquit la quatorzième commune du canton, prise sur des terres de Saint Michel sur Rhône et de Chuyer.

Ce qui complique nos recherches pour les soldats des tranches plus âgées, mais, en revanche nous permet  de retrouver le premier bébé du registre des naissances, Joseph.
J'avais envie de connaître l'histoire de ce premier vérinois.

Joseph est de la classe 1900. Cette classe correspond à l'année des 20 ans et du recensement militaire. Elle ne compte que deux garçons né en 1880 à Vérin, Joseph V. et Marius C.
Si Marius survit aux quatre années de guerre, Joseph n'a pas cette chance.

Sa fiche matricule, aux archives de St Etienne, nous dit qu'il a d'abord bénéficié d'un report. Le motif est assez ordinaire en zone rurale:
son frère effectuant déjà le service militaire, l'incorporation est décalée afin que l'exploitation agricole ne souffre pas d'un manque de main d'oeuvre.
Il est enregistré au conseil de révision à Pélussin sous le n°23, quant à son incorporation, ce n'est que partie remise.
En 1901, il est envoyé au 35ème Régiment d'infanterie. Il s'agit probablement d'une erreur d'écriture. A cette époque les régiments sont régionaux. L'appelé effectue généralement son service dans le Régiment d'Infanterie (RI) de son département.
Par leur résistance à la Burle, de nombreux jeunes du canton furent appréciés par les bataillon de chasseurs (à pied et alpins).
A Vérin, par rapport à la moyenne nationale, nous avons un pourcentage anormalement élevé de chasseurs (plus de 30% des morts du monuments sont des chasseurs), les bataillons de chasseurs à pied et alpins (BCP, BCA et BCPA) sont considérés à l'époque comme une arme à part dans l'infanterie, habillés différemment, organisés autrement, moins nombreux et plus mobiles. Nous reviendrons sur cette particularité locale plus tard.
Revenons à Joseph, le 35ème RI était alors installé à Belfort. En revanche le 38ème RI était le régiment de St Etienne où servait les vérinois qui n'étaient pas chasseurs!
Nous ne pouvons l'affirmer avec certitude, mais, c'est donc plutôt à St Etienne que Joseph a effectué son service. Un an après son incorporation il est réformé pour "tuberculose pulmonaire".
A cette époque la tuberculose est un fléau, elle est la plupart du temps mortelle. Si de nombreux exemptés sont jugés aptes après révision (pour combler les pertes énormes de 1914), puis envoyés se faire tuer au front, le malheureux Joseph meurt à St Michel de sa tuberculose, courant 1917.

Lexique:
RI: régiment d'infanterie
BCP: bataillon de chasseurs à pied
BCA: bataillon de chasseurs alpins
BCPA: la Loi du 24 décembre 1888 spécialise plusieurs bataillons de chasseurs à pied en "alpin"
les 6, 7, 11, 12, 13, 14, 22, 23, 24, 27, 28 et 30ème BCP deviennent des BCPA
la subtilité n'est pas encore intégrée dans les registres de décès puisque nous avons à Vérin un mort du 28ème BCP et un autre du 28ème BCA. Il s'agit évidemment du même bataillon, le 28ème BCPA
chasseur: grade correspondant à un soldat 2ème classe et désigne par extension un militaire appartenant à un bataillon de chasseurs.
Le chasseur est recruté pour sa taille plutôt modeste et ses capacités d'évolution en terrain difficile. Une expérience de braconnier est appréciée!
L'armée utilise ses chasseurs en petits groupes mobiles et adaptés aux terrains accidentés et/ou aux conditions rudes. Les bataillons ne sont pas inclus dans l'organigramme traditionnel et sont souvent directement sous les ordres des généraux de corps d'armées.
ils sont aussi appelés les "diables bleus", à la fois pour leurs caractères combatifs et pour la tenue. Ils portent un béret large et  surtout un pantalon bleu en lieu et place du fameux pantalon rouge de l'infanterie.

Pour s'y retrouver un peu dans le fouillis de l'armée.
les grades:
le 2ème classe est le plus petit grade de l'armée, c'est le plus courant pour les vérinois. La plupart font un simple service et ne sont pas des militaires de carrières.
Le vérinois le plus gradé est un "capitaine" et nous avons plusieurs "sergent". Ils ont tous débuté comme simples 2ème classe et "ont pris du galon" au fil de la guerre.
Dans les archives nous retrouvons par équivalence du 2ème classe, le "chasseur" dans les BCP,  le "sapeur" dans le génie, le "servant" dans l'artillerie, etc.
il est parfois fait mention de "1ère classe" dans les fiches matricules, mais c'est rare. Ceux qui montent, passent de 2ème classe à caporal sans référence à ce statut intermédiaire (ce n'est pas un grade).

Les vérinois ayant une tendance à l'originalité, nous avons un sapeur 2ème classe devenu "pontonnier 1ère classe".

Un graphique simple est en court de finition pour le livre, afin de comprendre l'organisation de l'armée et les grades.
Ce n'est pas le plus passionnant, mais c'est nécessaire pour comprendre où se situe chaque vérinois dans l'organisation générale.

Sachant qu'avec la réalité des combats, il n'était pas rare que les gradés soit blessés ou tués, obligeant ainsi un grade subalterne à prendre en charge une formation plus importante de manière totalement improvisée.
Par exemple, le caporal Marius B. dont nous retranscrivons le carnet, commande en temps normal une escouade (15 soldats dans l'infanterie).
Marius, au moment d'être fait prisonnier, est à la tête d'une section, formation d'une cinquantaine de soldats en théorie commandée par un lieutenant (tous les gradés sont blessés, tués ou "disparus").
En l'absence d'officiers, les chasseurs isolés par les combats se regroupent autour du plus haut gradé restant.

Autre exemple avec Pierre N. simple chasseur de 2è classe en 1911, capitaine en 1916 (!) . Alors qu'il est lieutenant dans un bataillon de réserve ("réserve" signifiant dans ce cas qu'il est en appui du BCP de première ligne, en général le combat les rattrape rapidement), il se retrouve à devoir commander la compagnie entière suite au décès de son supérieur, soit plus de 200 chasseurs.
Souvent, l'action laisse une trace dans les archives puisque le comportement du soldat  en question débouche sur une médaille et/ou une citation  et/ou une montée en grade.

Nous reviendrons ultérieurement sur la diversité des régiments où sont passés les vérinois. Peu d'infanterie finalement, mais beaucoup de chasseurs et d'artilleurs, en passant par quelques spécialités plus rares tel un zouave, un cuirassier, un artilleur à pied d'Afrique, un mécanicien du groupe air, etc.
Nous avons quelques régiments célèbres comme le 98ème RI (cf les sentiers de la gloire de Kubrick en partie inspiré de l'affaire Chapelant), deux vérinois affecté dans ce régiment sont morts lors des combats contemporains des faits. Ils connaissaient probablement l'officier d'Ampuis (fusillé sur sa civière pour mémoire).
Sans oublier les expéditions lointaines avec quelques soldats envoyés aux Dardanelles ou en Afrique, des fronts un peu oubliés de nos jours, mais tout aussi dangereux.

vendredi 20 septembre 2013

Poilus, tranches de vies (4)

Au fur et à mesure que nos recherches progressent, nous recevons de nouveaux documents.

Je scanne actuellement le carnet de Marius, caporal au 54ème bataillon de chasseurs, la réserve du 14ème BCP où il a effectué son service militaire de 1907 à 1909 ( le service était alors de deux ans).
Rappelé lors de la mobilisation du 4 août 1914, il s'embarque par train avec son bataillon dans la gare de St-Michel-de-Maurienne, direction le front.
Le bataillon combat, comme beaucoup de vérinois, au col de la Chipotte. Puis c'est direction le nord, la "course à la mer".
Dans son petit carnet très bien écrit, nous suivons Marius du 23 août au 9 octobre 1914.
Il est alors dans le Pas de Calais, non loin de Lens lorsque le bataillon reçoit l'ordre de venir au secours de la 10ème division de cavalerie.
Pour cette mission de sauvetage réussie, les cavaliers les nommeront le "bataillon d'élite", malheureusement pour Marius, c'est la dernière page de son carnet!
" 9 octobre 1914     Réveillé à 5 heures 
je reprends la queue de la casserole pour faire chauffer le café que j'avais eu soin de conserver la veille. On le boit avant de sortir et on part.
(...)"
Le soir, la guerre était finie pour Marius et la section qu'il commandait.

Heureusement pour lui et pour l'histoire, il n'est pas mort ce jour-là. En réalité son journal est un travail de mémoire réalisé en captivité, il a été rédigé en 1915 et non directement dans le vif de l'action.
A lecture, on sent qu'il a eu le temps de réfléchir à son écriture. Quant aux faits et anecdotes, malgré le recul on peut penser qu'ils sont fiables, le carnet est quasi contemporain de l'action.
Le Journal de Marche du bataillon n'existant plus, pour retracer le parcours de ces soldats, il ne reste guère que ce genre de témoignage ou les références dans les journaux de division (les dates et lieux correspondent, ce qui renforce la fiabilité du récit)
il raconte en détail sa capture et le rôle des officiers (ordres contradictoires et surtout absents de la zone du combat).
il est intéressant de noter qu'il a écrit sur un carnet allemand et que figure à la fin, les noms et coordonnées de ses chasseurs (probablement pour garder le contact après guerre).

dimanche 15 septembre 2013

Poilus, tranches de vies (3)

Après avoir découvert le parcours d'un paisible vigneron devenu guerrier le temps d'un conflit, puis le père de famille un brin poète et contraint de "quitter foyer et travail pour la patrie", voici la jeune fille, du moins son cahier d'écolière.

Le niveau n'est pas indiqué, d'après les auteurs cités et la maîtrise de la plume, il s'agit probablement d'une classe en fin d'éducation primaire.
Nous n'avons pas encore retrouvé sa date de naissance avec exactitude.
En revanche le cahier est daté: 1914-1915
Si le ton général et les textes choisis laissent peu de doute sur le caractère patriotique de l'institutrice, aucun indice ne permet, dans ces pages, de connaître l'état d'esprit de la fillette.

en voici un court extrait:
 "(...)
Belgique
Glorieux enfants de la Belgique
Nous vous donnons un doux baiser,
Nous chantons l'ardeur héroïque
Qu'aux tyrans vous avez opposée
Un roulement d'artillerie
Marquant le pas de ces brigands
Couvre les chants la raillerie
Des demi dieux de Allemands

refrain
Pointez vos canons! Répondez aux brigands
           Marchez fièrement
           Marchez franchement
Puisque, héros! Vous êtes des géants
(...) "
La Marseillaise des alliés
Téllial, élève de l'école de St Cyr

note: chaque texte est retranscrit dans son jus, nous ne corrigeons pas les fautes, qui restent relativement rares

Dans la documentation accumulée lors de nos recherches, la littérature donnée aux enfants de l'époque est nettement plus patriotique que les textes des soldats eux-mêmes.
Les poilus racontent se battre plus par devoir que par choix. Nous ne retrouvons pas vraiment, à l'écrit, de termes péjoratifs.
"L'allemand" est même rarement cité dans les lettres et les textes. Parfois il est simplement fait question de "l'ennemi" sans l'exaltation que l'on retrouve dans le petit cahier d'école.

Poilus, tranches de vies (2)

" Bien avant que la grande masse se meuve
Pour s'entasser au loin et soutenir l'épreuve
Le long des grandes routes, canaux et voies ferrées
Echelonnés par postes, étaient les G.V.C.
(...)"
 Pétrus Corompt, Garde des Voies de Communication en poste à Francheville, Rhône

Petrus était originaire de Vérin. Il a écrit plusieurs pages à la manière d'un poème sur sa guerre de 14. Les lecteurs pourront retrouver la suite de ce précieux témoignage dans l'ouvrage de la commune de Vérin.

Les GVC sont un peu oubliés de nos jours, il s'agissait des hommes à partir d'une quarantaine d'années.
A la mobilisation générale du 4 août 1914, malgré les années de service militaire dans l'active puis la réserve et enfin dans les régiments territoriaux, ils ont été rappelé pour assurer la protection des usines, des lieux stratégiques et des grands axes de communication où circulait le flux vital en soldats et matériels. L'armée craignait des sabotages et préférait consacrer ses troupes fraîches aux premières lignes.

Dans le lexique de 14, qui sera présenté à partir de cet automne, vous retrouverez les GVC assimilés aux soldats territoriaux sous le terme de "pépère".
Ces affectations n'étant toutefois pas sans dangers puisque de nombreux territoriaux et GVC sont reconnus "morts pour la France".

Les témoignages comme celui de Pétrus sont intéressants, ils permettent de montrer d'autres visages de la guerre et les bouleversements dans la vie quotidienne. Le conflit de 14/18 étant souvent symbolisé principalement par le poilu dans sa tranchée de Verdun.
Nous avons maintenant de nombreux documents sur vie quotidienne de Vérin à l'époque, de la réquisition du foin en passant par l'interdiction de la chasse et ses conséquences (un gibier en trop grand nombre qui ravageait les cultures), les demandes de permissions demandées aux institutions pour libérer quelques jours un soldat qui était le seul à savoir faire fonctionner la batteuse, etc.
Bien qu'éloigné du front, Vérin a énormément souffert au quotidien.

Pendant que Pétrus était envoyé en banlieue lyonnaise, des GVC d'autres villages sont venus protéger le tunnel ferroviaire de Vérin.
Une délibération du Conseil municipal a gardé la trace des problèmes posés par l'établissement d'un poste de 6 GVC (Logement et nourriture devant être assurés par la commune)